
🦊Extrait : « Un homme qui reste debout, avance toujours, quoi qu’il arrive. »
🦊
L’histoire d’un jeune haïtien qui grandit dans un pays aux abois,
asséché et pris d’assaut par une dictature. Un père inconnu, une mère
désincarnée et vouée à elle-même, on se demande où est l’avenir pour
Poto en Haiti. Une dictature qui fait froid dans le dos, qui au moindre
geste d’humeur peut couter une vie. 🦊 Le roman est d’une dureté
enivrante, nous savons que cela fait mal mais il faut quand même y
pénétrer. L’atmosphère est à la fois terrible, à la fois douce et
désenchantée. On est forcément attendri par ce personnage si attachant,
Poto qui tente de survivre, n’est pas forcément comme les autres. Un
espoir qui continue de naitre, une fable qui prend forme à la façon de
Voltaire, ce roman nous prend par surpris, nous étouffe et ne nous lâche
plus. 🦊 La description de la dictature ou du chaos est un état de
grâce absolu. Poto dessine, ses crayons ne le quitte pas, sauf que
personne ne le sait car il meurt de faim. L’écriture est comme la vie
quotidienne, rien n’est un long fleuve tranquille, elle est hachée,
douloureuse, Makenzy Orcel nous montre la vie dans son ouvrage telle
qu’elle est. Le récit sombre et poétique le doit en grande partie à ces
noms de personnages si joliment choisis, à cette atmosphère si
apocalyptique, à son charme des îles inégalable. 🦊 Un enfant qui trouve
refuge dans ses dessins ne peut être qu’un merveilleux étendard. Un
voyage entre temps et espace décalés dans ce roman fiévreux, entre folie
et réalisme. Une marche prend forme tout au long de sa vie, une marche
dont on ne peut arrêter le mouvement. Si le style est original, entre
une ponctuation déroutante ou des digressions rythmées, nous sommes à
mi-chemin entre roman et poésie, ce qu’on pourrait qualifier de
« romésie ».
🦊. Editions Zulma, 4 Octobre 2018, 320 pages.
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