Interview de Christos Markogiannakis

1. Bonjour Christos, quel a été ton parcours ?

Bonjour et merci pour votre interview !
Mon parcours a commencé en Grèce, en Crète, où je suis né et j’ai grandi, avant d’aller à Athènes pour étudier le droit et la criminologie. Puis j’exerçais le droit pénal dans un cabinet familial à Heraklion, avant de décider de changer de vie et me lancer vers l’inconnu : venir vivre dans un pays dont la langue m’étais inconnue, où je ne connaissais personne, mais dont l’histoire, la culture, et la vie me fascinaient. Je suis arrivé en France en 2011, j’ai continué mes études de criminologie et depuis 2014 j’écris et je m’amuse en faisant ce que j’aime : parler du crime et de l’art, mélanger les deux, créer des histoires et des personnages, découvrir votre beau pays et échanger avec vous toutes et tous, grâce au salons et festivals du livre. Mon premier livre en France a été publié en 2017, et après deux livres en 2018, je continue.
Et j’espère continuer looooongtemps (mais ça dépend de vous, chers lecteurs!)

2. Ton dernier ouvrage Scènes de Crime à Orsay, est passionnant et mêle deux sciences humaines diamétralement opposées. Pourquoi ce choix ?

Je suis très heureux que vous trouviez fascinant ce qui me passionne : le crime dans l’art et comme un des beaux-arts. Par contre, je crois que les deux ne sont pas opposés : l’art nous montre tous les aspects de la vie humaine, solitaire ou dans une société, dont le crime, qui a sa place dans toutes les sociétés, dans toutes les époques, comme un phénomène naturel, selon le sociologue français E. Durkheim. Sociologie, criminologie, histoire et histoire de l’art sont complémentaires, pas opposés.

3. Que penses-tu de #bookstagram ? Cette communauté est-elle bienveillante ? Penses-tu qu’elle sera importante à l’avenir ?

Les réseaux sociaux en général sont un très bon outil pour les écrivains. On devient visible, on peut communiquer notre travail, nos projets, nos soucis, « rencontrer » et échanger avec des lecteurs. Je suis admiratif des bookstagrameuses et bookstagrameurs. Je vous suis, j’écoute vos suggestions, j’admire vos photos (car le livre est aussi un objet visuel, et moi esthète !). Et personnellement je vous en suis très reconnaissant. Vous consacrez votre temps pour me lire, pour chroniquer ou critiquer mes livres, et puis, avec vous je me sens bien entouré et bien soutenu ! C’est certain qu’on ne peut pas plaire à tout le monde. Vous savez, même le chocolat ne plait pas à tous (je me méfie des gens qui n’aiment pas le chocolat quand même ! hahaha !)
Quand la critique négative est sincère, solide, bien argumentée je l’apprécie. Je l’écoute, j’apprends, j’essaie de m’améliorer. Par contre, une critique malintentionnée, est perçue par les lecteurs comme telle, donc je fais confiance à  leur instinct !
#Bookstagram a de l’avenir. Comme pour tout, quand les posts sont faits avec amour, professionnalisme, sincérité,  le chemin vers le destinataire reste ouvert et à double sens.  

4. Si tu devais lire un dernier livre avant de disparaitre, ce serait ?

C’est le livre qui va disparaître ou moi? Si c’est le livre, ça serait le Portrait de Dorian Gray, de Oscar Wilde pour le lire une dernière fois (c’est mon livre de chevet depuis des décennies)!
Si c’est moi qui vais disparaître après la lecture, je choisirai un livre long qui va me prendre beaucoup- beaucoup, BEAUCOUP de temps pour le finir. Ulysse de Joyce par exemple, ou À la recherche du temps perdu de Proust.

5. Si tu devais ne retenir qu’une seule œuvre d’art ce serait ?

Judith et Holopherne, soit de Caravage soit de Artemisia Gentileschi. Comme ça, dans une seule oeuvre d’art, j’aurai tout : la beauté, la sexualité, la mort, l’histoire, la religion, la nature humaine, des drames personnels, des protagonistes et des artistes en visuel et métaphorique entre la lumière et l’ombre.  Adjugé !

 6. Certains affirment que le roman policier n’est pas de la littérature, que leur réponds-tu ?

Cette allégation me rend furieux. D’abord pour moi il n’y a que des livres bien écrits ou pas. Toute autre étiquette est inutile et trompeuse (sauf pour les bibliothèques !)
Et puis, les romans policiers posent la même question que toutes les religions et la philosophie: whodunit ? Qui est à l’origine (de la création, de l’humanité ou dans le cas des romans policiers d’un crime). Et un bon roman policier suit la définition de la tragédie par Aristote : il nous emmène vers l’épuration à travers la pitié et l’effroi ! Comme toute forme d’art !

7. Trois objets que tu garderais en permanence ?

Ce ne sont pas des objets, mais je garderais cette petite flamme d’espoir qui me tient debout, même pendant mes heures les plus noires, l’amour pour ce que je fais, et la musique.

8. La majorité des avocats vit très mal, penses-tu que cette profession est vouée à disparaître ?

Je vous assure que la majorité des avocats vit beaucoup mieux que la majorité des écrivains (dans un cadre économique, en tout cas !) Et puis comme avocat on travaille énormément, tout comme les écrivais parfois toute la nuit, entre écrire, faire de la recherche, corriger, réfléchir afin de trouver des solution aux problèmes de l’histoire, lire pour mieux écrire etc. Je voudrais souligner que le mot travailler pour un écrivain est sans guillemets car c’est un travail réel et dur ! (Les gens qui demandent si à part écrire j’ai un « vrai » job, m’énervent presque autant qu’eux qui disent que les romans policiers ne sont pas de la littérature! Hahaha !)
Mais pour revenir aux avocats, tant que les interactions sociales existent, tant que la nature humaine reste la même, les avocats sont nécessaires, comme les juges. Ce sont les nuances de la nature humaine qui m’assure qu’ils ne peuvent pas être substitués par des robots et l’intelligence artificielle. Les écrivains non plus!

9. Es-tu un grand lecteur ? L’endroit où tu préfères lire ?

Oui ! Comment peut on écrire si on ne lit pas ?! Il faut avouer que cette dernière année, par manque de temps, je n’ai pas pu lire autant que d’habitude, autant que j’aimerais (ça ne veut pas dire que je n’achète toujours pas des livres comme un #livreaddict absolu!!)
Je vais prendre une troisième valise avec moi cet été en Grèce, remplie des livres ! Je lis partout, et je préfère le format papier.
Un livre par jour, aux plages grecques, est mon objectif des vacances !

10. Un projet à venir ?

Plusieurs ! Mon prochain roman, la deuxième aventure de Christophoros Markou après le 5e étage de la faculté de droit, sort en 2020. Je continue à écrire et donner des conférences en France et à l’étranger  sur le Meurtre dans l’art, et comme un des beaux-arts,  je fais une recherche pour un –ou plus – musée(s) meurtrier(s), et je coécris un scénario… 
Vive les journées et les années chargées ! 

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