Les modifications, Sayed Kashua : double identité


Aucune description de photo disponible.•IDENTITÉ DOUBLE•
🦊 Sayed Kashua est un auteur arabe israélien, comment est-ce possible diront certains ? Il est vrai que dans l’opinion publique être arabe est incompatible avec la nationalité israélienne. Longtemps considérés comme des traitres, il s’agit de palestiniens qui n’ont pas pris part à l’exode en 1948 lors de la première guerre israélo-arabe et sont restés au sein de l’état hébreu. L’auteur est parti s’exiler aux États-Unis, considérant que son origine ne lui permettait pas d’y vivre. Journaliste et romancier, ce roman est d’abord particulier car écrit en hébreu, traduit par Jean-Luc Allouche mais aussi car il est clairement autobiographique malgré la différence des noms de personnages. Devant rentrer au chevet de son père, le héros du roman et sa femme « Palestine » vont devoir combattre leur souvenir. Ayant été banni de son village natal, les retrouvailles avec son père quitté il y a quatorze ans seront douloureuses. S’étant spécialisé dans les autobiographies, le narrateur n’hésite pas à modifier la réalité de la vie de ce député arabe pour y raconter sa propre histoire notamment lors de la création d’Israël, évènement surnommé Nakba (catastrophe) par les palestiniens. Ce fils voulant garder une trace de son père, alors que ce dernier se montre récalcitrant, ce mari qui ne connait pas sa femme au bout de quinze années, ne vivant pas sous le même toit, est-elle une réelle étrangère ou certains évènements ont-ils tout brisé ? Tout s’imbrique parfaitement•••
🦊Dès les premières pages je ne savais à quoi m’attendre, un roman identitaire ? J’en ai eu peur avec certaines phrases maladroites, pourtant il n’en fut rien et j’admirais la plume de Sayed Kashua, cette plume si aérienne et aérée. Pourquoi a t-il réellement quitté Israël ? Beaucoup de questions auxquelles l’auteur répondra avec volupté et finesse, une pointe de mélancolie et d’absurde parfois, une touche d’humour ensuite pour couronner le tout d’une narration captivante. Ce roman est sombre mais il ne pouvait en être autrement étant donné la situation israélo-palestinienne depuis des années

Je rajoute que de nombreux passages sont barrés, ce qui amène une curiosité supplémentaire avec l’envie d’y voir ce qu’il s’y cache. Parfois c’est anodin parfois pas mais cette petite originalité que je n’avais encore vu pose différentes questions, l’auteur à vouloir cacher mais en même temps divulguer ces phrases ? Choix surprenant qui l’a fasciné•••

🦊 Éditions de l’Olivier, Avril 2019•••



🦊 Extrait : « La mémoire écrite doit être embellie, et si je sentais que le matériau fourni par les personnes que j’interviewais risquait de contredire l’image qu’elles souhaitaient donner à leurs lecteurs, j’enjolivais leurs rêves, j’effaçais ou ajoutais des phrases, et parfois même je leur prêtais des rêves et des pensées pour accompagner leur coucher. »•••

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