La petite conformiste, Ingrid Seyman, Philippe Rey : Loufoquerie intense

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🦊 Ingrid Seyman, il s’agit donc de votre premier roman. Le talent dont vous faites preuve est assez bluffant, il y a du Philip Roth dans votre écriture et votre univers. Cette famille m’a renvoyé à la mienne, jusqu’au nom de famille identique à celui de ma mère. Parfois, je me suis demandé si Ingrid Seyman n’était pas un avatar, un pseudo sous lequel un membre de ma famille avait tout dévoilé. Est-ce pour cette raison que ce livre m’a séduit ? Pas seulement, ce serait bien trop narcissique. Chère Ingrid, vous avez écrit et décrit une famille en apparence ordinaire mais si originale. Évidemment l’incipit fut déjà une apothéose, une levrette si bien exécutée que le livre et moi ne formions plus qu’un. A la fois drôle et absurde, sarcastique et surtout subversif sur la religion, ce roman explose par son ton provocateur. Ingrid est directe, ses dialogues incisifs et vacillants, l’ennui ne sera pas au goût du jour. Parce que cette famille pour commencer dans une période post soixante huitarde, vit de façon décomplexée chez elle, nudité et contradictions acceptées. L’angle narratif de cet enfant, qui décrit une vie peu banale, permet une introspection assez profonde•••


🦊 Une mère hippie, un père à la judéité particulière, un frère à la folie surannée, cette petite est en total désaccord avec ses parents. Quand elle invite une de ses amies, la honte s’empare d’elle, ses parents étant à la limite d’exloser, vous ne serez pas déçus par le bouquet final. La tension crescendo, le côté loufoque et absurde de la narration, rien ni personne n’est épargné. Jouissif ? Clairement. Esther n’est pas à son aise dans cette famille de gauche, le regard cynique qu’elle pose est un délice. On a tous croisé un enfant dont on a soupçonné qu’il avait honte de la folie parentale. Cet enfant plus mature que ses parents. Un roman en apparence hilarant, qui a un double détente pour que les sujets les plus graves puissent faire leur apparition avec subtilité. Un premier roman qui m’a envoûté, l’immersion familiale poignante vous n’allez pas le lâcher. Trois générations qui se succèdent dans les années 70. Une chaleur loufoque qui anime notre esprit littéraire, rien que du bonheur•••


🦊 Éditions Philippe Rey, août 2019
 
🦊 Extraits : « Je suis née d’une levrette, les genoux de ma mère calés sur un tapis en peau de vache synthétique. Je n’en suis pas certaine mais j’ai de fortes présomptions. D’abord parce que mes parents étaient aux sports d’hiver lorsqu’ils m’ont conçue. Surtout parce qu’ils n’ont jamais caché leur passion pour cette position. Pour tout dire, j’associe le générique de L’École des fans au tempo crescendo de la première levrette qu’il me fut donné de surprendre.» ——————————————————
« Tu vois, on achète ça parce que ce n’est pas une marque. » (Les marques étaient réservées aux idiots qui aimaient dépenser leur argent dans les marques.) Mais elle pouvait aussi me dire, en parlant d’un bloc de foie gras ou d’un canapé à six places : « On n’en a pas vraiment besoin mais on va le prendre quand même. Car il est essentiel – vraiment essentiel, tu sais, Esther – de se faire plaisir dans la vie.» ———————————————————
« En fait, Babeth n’avait qu’un seul défaut : mon père. À cause de lui, elle était capable de dire (et de penser) à peu près tout et son contraire. »

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