Inspecteur Balto, Ducoudray, Geffroy

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Un blues urbain sous Prozac, la retraite d'un flic cabossé

"Inspecteur Balto" n'est pas un polar flamboyant, avec des courses-poursuites haletantes et des rebondissements spectaculaires. C'est plutôt un blues urbain, une mélodie mélancolique jouée sur un saxophone rouillé dans les ruelles sombres d'une ville anonyme. Aurélien Ducoudray, au scénario, et Damien Geffroy, au dessin, nous plongent dans le quotidien d'un flic à la retraite, un homme usé par son métier, hanté par ses souvenirs et accro au Prozac.

Imaginez l'odeur du café froid et du tabac froid dans un appartement en désordre. Imaginez le silence pesant d'une solitude choisie, seulement interrompu par le grincement d'un fauteuil ou le son d'une radio mal réglée. Imaginez un regard fatigué derrière des lunettes épaisses, un visage marqué par les années de service et les nuits blanches. "Inspecteur Balto" est une ambiance, une atmosphère poisseuse et mélancolique qui colle à la peau comme une vieille cicatrice.

Le dessin de Geffroy, avec son trait réaliste et ses couleurs ternes, renforce cette impression de grisaille et de désenchantement. Les personnages ont des gueules cassées, les décors sont banals et délabrés. On sent l'influence du roman noir et du cinéma de Melville dans cette manière de dépeindre un monde urbain à la fois familier et étrange.

Balto, le personnage principal, n'est pas un héros. C'est un anti-héros, un flic lambda qui a vu trop de choses et qui tente de survivre à sa propre existence. Sa retraite n'est pas une période de repos et de tranquillité, mais une continuation de son travail, une sorte de sacerdoce obsessionnel. Il continue à enquêter sur des affaires mineures, des disparitions sans importance, comme pour conjurer l'ennui et la solitude.

Ce qui résonne particulièrement dans "Inspecteur Balto", c'est la thématique de la solitude et de la difficulté à se reconstruire après une vie passée au service de la loi. Balto est un homme brisé, hanté par ses erreurs et ses regrets, mais il conserve une certaine humanité, une forme de mélancolie touchante.

La série n'offre pas de conclusions spectaculaires ni de résolutions faciles. Elle nous propose plutôt une immersion dans le quotidien d'un homme ordinaire confronté à l'usure du temps et à la complexité du monde. "Inspecteur Balto" est un polar doux-amer, une promenade mélancolique dans les rues d'une ville anonyme, une invitation à partager le blues d'un flic à la retraite.

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