Bertille & Lassiter, Eric Stalner

Un voyage temporel captivant au cœur d'une énigme policière

"Bertille et Lassiter" d'Éric Stalner est une œuvre qui déroute autant qu'elle fascine. En apparence une simple enquête policière, elle se révèle être un récit bien plus complexe, naviguant entre les époques et les genres avec une maîtrise narrative impressionnante. Stalner tisse une toile où le hasard n'a peut-être pas sa place, et où le destin semble jouer un rôle prépondérant.

Un synopsis en deux temps : le croisement de deux destins :

L'histoire se déroule en deux temps distincts. Dans les années 1920, le commissaire Bertille enquête sur un étrange phénomène lié à une mystérieuse sphère rouge. Il croise alors la route d'une jeune fille, également prénommée Bertille, issue d'une famille bourgeoise. Quarante ans plus tard, en 1968, Jonathan Lassiter, un jeune Américain en fuite, rencontre Edward dans un bar. Une nuit mouvementée le contraint à quitter précipitamment le Nebraska et les États-Unis. Son chemin le mène à Paris, puis en Bretagne, où il rencontre à son tour une femme nommée Bertille.

Le lien entre ces deux époques et ces personnages, d'abord obscur, se dévoile progressivement. La mystérieuse sphère rouge, les coïncidences troublantes et les rencontres fortuites laissent planer un doute : s'agit-il vraiment de hasard, ou existe-t-il une force invisible qui relie ces destins ?

Une narration maîtrisée et un suspense constant :

Éric Stalner excelle dans l'art de la narration non linéaire. Les allers-retours entre les deux époques créent un suspense constant et maintiennent l'intérêt du lecteur. Les informations sont distillées avec parcimonie, nous incitant à reconstituer les pièces du puzzle.

L'atmosphère, à la fois sombre et mystérieuse, contribue à l'immersion dans le récit. On ressent l'influence du roman noir, avec ses personnages tourmentés et ses zones d'ombre. L'élément fantastique, subtilement introduit, renforce le sentiment d'étrangeté et d'incertitude.

Un dessin réaliste et expressif :

Le dessin d'Éric Stalner est un véritable atout pour l'album. Son style réaliste et précis donne vie aux personnages et aux décors avec une grande justesse. Les ambiances des années 1920 et des années 1960 sont parfaitement rendues, grâce à un travail minutieux sur les costumes, les véhicules et les paysages.

Les expressions des visages sont particulièrement expressives, traduisant les émotions et les tourments des personnages. Le découpage des planches est dynamique et efficace, contribuant à maintenir le rythme de la narration.