La femme du lac, Sandra de Vivies

 La Femme du lac

Dans son premier roman, La Femme du lac, Sandra de Vivies nous invite à une exploration intime et historique à travers le prisme de la photographie. La narratrice acquiert, lors d'une brocante à Berlin, une boîte de négatifs datant des années 1960-1970. Parmi ces images figées dans le temps, une femme assise au bord d'un lac attire particulièrement son attention. Cette découverte devient le point de départ d'une double enquête : sur l'identité de cette inconnue et sur les résonances personnelles que cette quête éveille en elle.

Développant ces négatifs, la narratrice se plonge dans les détails : des enfants jouant, des jeunes filles brodant, un chien fidèle, des paysages bucoliques. Chaque image est une énigme, une porte ouverte vers des histoires oubliées. Elle imagine alors la vie de cette "femme du lac", supposant qu'elle a grandi sous le régime nazi, façonnée par une idéologie prônant la normalité et la performance. Cette réflexion sur le conditionnement social et la valeur des images l'amène à s'interroger sur sa propre trajectoire, sur sa perception de la différence et sur les catégorisations imposées par la société contemporaine.

Sandra de Vivies mêle habilement réalité et fiction, passé et présent, pour questionner la manière dont les sociétés, qu'elles soient totalitaires ou démocratiques, influencent et contraignent les trajectoires individuelles. L'autrice, vivant à Bruxelles, s'inscrit dans une démarche littéraire qui croise narration et poésie, explorant les liens entre littérature, sciences humaines et image. Cette approche transdisciplinaire enrichit le récit, offrant une profondeur et une sensibilité particulières à cette quête identitaire.

La Femme du lac est une invitation à la réflexion sur la mémoire, l'identité et les empreintes laissées par l'histoire sur les individus. À travers une écriture délicate et introspective, Sandra de Vivies nous rappelle que chaque image, chaque souvenir, porte en lui une multitude de récits possibles, et que notre propre histoire est intimement liée à celles qui nous ont précédés.

Il est rare qu’un roman parvienne à la fois à captiver l’intellect et à éveiller une émotion aussi profonde que La Femme du lac. Sandra de Vivies signe ici une œuvre magnétique, d’une beauté mystérieuse et poignante, qui happe le lecteur dès les premières pages. Il y a quelque chose de fascinant dans cette quête entre photographie et mémoire, dans cette manière de redonner vie à des silhouettes oubliées. L’écriture, subtile et immersive, fait surgir des images d’une douceur envoûtante, presque cinématographique. Un premier roman audacieux et envoûtant, qui interroge autant qu’il émerveille, et qui laisse en nous cette empreinte indélébile des livres qu’on n’oublie pas.

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