La mère des palmiers, Nasim Marashi

La Mère des palmiers

En ouvrant La mère des palmiers, je suis entré dans un univers inconnu : celui de Nasim Marashi. J’y ai découvert une voix singulière, des lieux empreints de mémoire, des personnages marqués par l’histoire et une narration qui oscille entre passé et présent pour mieux en révéler les blessures.

Le récit s’ouvre sur une fuite. Rassoud prend la route avec son fils, laissant derrière lui une ville qui semble peser sur ses épaules. Son corps trahit son mal-être : il est marqué, fatigué, usé. Mais plus que tout, c’est son angoisse qui prend toute la place, une peur sourde qui le hante et le pousse à des gestes compulsifs, à une surveillance constante. Quelque chose dans son comportement laisse deviner un passé traumatique, une menace qui ne s’efface jamais vraiment.

Dès les premières pages, on comprend que le roman se déroule dans un Iran profondément marqué par la guerre. Même sans être familier de son histoire, les paysages défigurés et les villages désertés parlent d’eux-mêmes. Rassoud n’est pas là par hasard : il vient retrouver une femme qu’il n’a pas vue depuis des années. Ce qui les a séparés, ce qu’ils ont vécu, ce qui les a transformés, tout cela se dévoile au fil du texte, entre éclats du présent et réminiscences du passé.

Le destin de Nawal bascule au cœur du conflit avec l’Irak. La guerre lui arrache son fils, et dans ce moment tragique, l’écriture de Nasim Marashi atteint une puissance inouïe. À travers quelques phrases d’une justesse déchirante, elle exprime l’horreur de la perte, l’incompréhension, l’instant où tout bascule et où la vie se fige.

Ce roman n’est pas seulement un récit de guerre ; c’est une réflexion sur ce qui reste après. Comment continuer à avancer quand tout a été réduit en cendres ? Peut-on encore parler de vie, ou s’agit-il simplement de survie ? Les choix que font Rassoud et Nawal les poursuivent, les définissent, les enferment parfois dans un passé dont ils tentent, chacun à leur manière, de s’extraire.

La force du texte tient aussi à la beauté de la traduction de Julie Devigneau, qui restitue avec finesse l’émotion brute des mots de Nasim Marashi. En refermant ce livre, une certitude s’impose : je veux lire d’autres œuvres de cette autrice, et L’automne est la dernière saison sera sans doute la prochaine.

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