La mer au creux de ses mains, Nassia Dionyssiou
🧭 La mer au creux de ses mains – un roman polyphonique comme un souffle d’Histoire
Traduit du grec (Chypre) par Marie‑Cécile Fauvin
📜 Un pan méconnu de l’Histoire ressuscité
Juste après la fin de la Seconde Guerre mondiale, ce sont près de 50 000 Juifs en exil qui, aspirant à rejoindre la Palestine, se voient déportés à Chypre, parqués dans des camps improvisés. Un épisode historique trop souvent ignoré, mais que Nassia Dionyssiou pose en éclat littéraire, fissurant l’oubli pour interroger les échos de la mémoire collective.
🎭 Destins croisés, voix entrelacées
Ce roman choral inventorie des vies radicalement différentes : un journaliste en quête de sens, une survivante de la Shoah meurtrie, une paysanne chypriote en tension entre hospitalité et peur. En multipliant les points de vue, Dionyssiou fait émerger une mosaïque d’émotions, de colères et de doutes : chacun est à la fois unique et interchangeable dans l’épreuve du refuge. Le tout se noue avec une grande économie de mots — mais une déflagration de ressentis.
🌊 La mer comme personnage, la mer comme mémoire
La mer, omniprésente, est à la fois berceau et mirage. Elle berce les espoirs, console et menace ; elle porte dans son creux les peurs de voyages nouveaux, les blessures trop lourdes pour être portées autrement. Océan tragique ou consolateur ? Elle incarne l’un et l’autre, dans un roman où la géographie devient psyché collective, espace liminaire entre deux vies.
🖋 Une écriture sobre, vibrante, habitée
À travers les 96–128 pages de ce récit court, publié au format poche de Cambourakis et traduit finement, l’écriture est sans fioriture : chaque mot compte. La langue est un tissu de silences et d’ombres, tissé de compassion et de poésie, là où la littérature se fait acte — « que peut la littérature face aux fantômes de la mémoire et à la barbarie ? ». Résultat : un texte qui frappe là où on ne l’attend pas, un récit compact comme une balle au cœur.
💡 Un écho contemporain vibrant
Ce récit, publié en Grèce en 2023 et immédiatement salué, résonne puissamment aujourd’hui. Alors que la question des exils, des frontières, des camps humanitaires reste brûlante, ce voyage au cœur de la Méditerranée post‑1945 est aussi un miroir pour notre époque. Puissance du collectif, poids des traumas, rémanence de l’histoire : un roman à la fois historique, poétique et politique.
🎯 Pourquoi plonger dans ce texte ?
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Pour découvrir un chapitre ignoré mais crucial de l’après‑guerre et des migrations méditerranéennes.
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Pour se laisser habiter par une écriture profonde, minimaliste et incroyable en intensité.
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Pour voir la mer autrement : pas que surface bleue, mais présence vivante et ambivalente.
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Pour s’émouvoir à travers des voix multiples, solidaires et parfois discordantes, mais toujours humanistes.
🔚 En résumé
La mer au creux de ses mains n’est pas simplement un roman : c’est un état. Un état de flottement entre mémoire et espérance, entre barbarie récente et humanité toujours possible. Nassia Dionyssiou signe un récit à la clarté tragique, une méditation poétique sur l’exil, la survie et la mer comme témoin immuable. Cambourakis offre ici un texte rare, essentiel — un livre pour ouvrir les yeux, toucher les cœurs, faire résonner l’Histoire et ses survivances.
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