Protocole solitude, Joanna Russ

 Protocole solitude

Paru dans la collection Sorcières


🔥 « Et si la science-fiction devenait l’arme fatale de la solitude ? »

On croyait avoir tout lu de Joanna Russ, papesse radicale et lucide de la SF féministe. Et pourtant, voilà qu’elle débarque. Pas la super-héroïne, pas l’androïde, pas l’alien. Juste une femme seule. Très seule. Trop seule. Protocole Solitude, c’est une claque venue d’un avenir pas si lointain, où l’isolement est à la fois norme, panacée… et cauchemar bureaucratique.

Dans ce court roman écrit en 1977 mais (enfin !) traduit aujourd’hui chez Cambourakis, Russ fait ce qu’elle sait faire de mieux : prendre un concept SF en apparence anodin – ici, un protocole d’isolement émotionnel total – et le pousser à son point de rupture politique, existentiel et métaphysique.

👩‍🚀 L’héroïne ? Une femme "libérée", assignée volontaire à un isolement parfait. Elle a signé le contrat, elle a accepté les règles : plus de contact physique, plus de relations sociales, plus de conflits. Rien. Nada. Le vide sous contrôle. Et pourtant, ce vide se met à pulser, à craquer, à suinter de souvenirs, de rêves et d’un doute ravageur : est-ce vraiment la liberté qu’elle a choisie ? Ou une servitude consentie déguisée en émancipation ?

🎯 Protocole Solitude fonctionne comme un miroir inversé du Meilleur des mondes : pas d’euphorie chimique ici, mais une ascèse glacée, vendue comme solution aux douleurs humaines. Joanna Russ tord le cou au fantasme du repli, à l’illusion que la paix viendrait de l’extinction du lien. Elle nous tend une capsule de solitude distillée, qui brûle lentement la gorge de notre époque post-pandémique.

💥 Ce texte ultra-contemporain dans sa questionnement des technologies de l’intime (on pense à Her de Spike Jonze ou aux fictions dystopiques de Black Mirror) rappelle aussi à quel point Joanna Russ est une autrice qu’on lit aujourd’hui non pas pour "comprendre son époque", mais pour mieux voir la nôtre. Avec son écriture précise, sa charge féministe toujours sous tension, elle nous pousse dans nos retranchements, nous fait douter, grincer, penser. Bref : elle nous rend vivants.

📚 L’édition Cambourakis, elle, fait honneur au texte : sobre, belle, parfaitement traduite par Émilie Notéris. Et surtout : urgente.


À lire absolument si :
✔️ Vous aimez la SF à combustion lente,
✔️ Vous avez déjà rêvé de tout plaquer pour la paix intérieure (et vous avez flippé),
✔️ Vous voulez découvrir un pan encore méconnu d’une autrice aussi féroce que visionnaire.


🎤 Conclusion ?
Protocole Solitude n’est pas un roman de SF. C’est un électrochoc philosophique sur la tentation du retrait, le poids de la norme, et cette solitude qu’on croit choisir… mais qui finit souvent par nous choisir. Joanna Russ signe là un huis clos mental, politique et existentiel. Et ça fait un bien fou. Ou très mal. Ou les deux.

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