Espace lointain, Jaroslav Melnik : dystopique !

Encore un livre des éditions Agullo qui ont le talent de dénicher des ovnis littéraires. Après l'installation de la peur de Rui Zink qui était décapant voici Espace Lointain se déroulant à Mégapolis où les habitants, tous aveugles, circulent grâce à des capteurs électro-acoustiques. Gabr recouvre la vue et découvre une telle misère qu'il pense être sujet à des hallucinations. Le ministère du Contrôle où il se rend, diagnostique chez lui une psychose des espaces lointains. A la suite de sa rencontre avec Oksas, chef révolutionnaire, il a des doutes sur la sincérité du ministère. Comme souvent, on se pose énormément de questions, notre cerveau fume avec des hypothèses toutes aussi plus farfelues les unes que les autres. Une dystopie sur la vérité qui claque et qui s'installe dans un tourbillon de vérité réelle ou obsolète. Aucun repère historique ou géographique ce qui permet de s'imaginer réellement un monde parallèle. On entrevoit dans cet ouvrage une superbe remise question du contrôle social, de la main invisible politique, l'auteur étant fils de déportés au goulag essaie de retranscrire ce passé tragique dans une sphère un peu plus actuelle dans un monde ultra sécurisé et sous contrôle "étatique". L'acceptation d'un régime établi ne se retrouve t-il pas à être un renoncement ? Comment ne pas penser à 1984 de Orwell en lisant cet ouvrage, c'est rythmé et enlevé. On peut très bien classer ce livre dans la case fable philosophique au même titre que Candide de Voltaire, il pourrait être un classique de la littérature dans les années à venir selon l'évolution des sociétés actuelles. A découvrir absolument !

Editions Agullo, 320 pages, 31 aout 2017

Note : 9/10

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