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Extrait « Je garde de ce jour une terrible sensation de honte. Pas
d’être juive, mais de devoir l’être avant toutes les choses que j’étais,
et d’en être différente des autres. »
🦊 Survivante de la première
rafle du Vel’d’Hiv en 1942, Rachel Jedinak nous raconte avec son oeil
et sa vison d’enfant cette période terrible. Ses voisins, cousines ou
camarades de classe n’ont pas été épargnés. C’est le récit d’une enfance
douloureuse où la mort était à chaque coin de rue. Rachel Jedinak a eu
beaucoup de chance et bénéficié de situations ubuesques qui lui ont
permis d’en réchapper. 🦊 Un récit d’une belle tendresse mais surtout
sans atermoiement et avec une pudeur évidente. Son père étant mobilisé
pour la guerre, le port de l’étoile jaune va devenir un crève-coeur dans
ce récit. L’auteur va droit au but, ne cherche pas de digression futile
mais pique la où cela fait mal. La citation plus haut est surement
l’une des phrases les plus lucides et horribles que j’ai pu lire dans le
ressenti qu’elle procure. Il parait difficile d’en faire une notion
plus parlante. On ressent avec cette enfant la honte et autres
sentiments négatifs quant au port de ce tissu qui va la mettre dans une
certaine case.
🦊 Présidente du comité Tlemcen, Rachel Jedinak
continue son combat pour que les faits sont reconnus et entendus. Dans
ce récit élégant et respectueux, elle arrive à nous émouvoir sans aucune
envolée. Elle n’avait jamais pu raconter son histoire depuis ce temps.
La dureté de sa mère pour les sauver de l’ennemi, fait naitre une telle
force qu’on se demande quel courage il aurait fallu à chacun d’entre
nous. Certains diront qu’il s’agit d’un énième témoignage, c’est vrai
mais dans la peau d’une enfant c’est bien différent. La candeur et
l’innocence sont bien présentes dans un torrent d’actions abjectes. Un
témoignage à lire pour ne jamais oublier qu’il ne suffit d’un rien pour
que tout bascule à nouveau.
🦊 Editions Fayard, 19 septembre 2018, 139
pages.
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