Qui vive, Colin Lemoine : Vainqueur du style

Aucune description de photo disponible.EXCEPTION STYLISTIQUE•
🦊 Un premier roman ? Je n’ose imaginer le second ! Le style de Colin Lemoine est simplement délicieux, rares sont les livres aussi étoffés stylistiquement. Il est rare que je commence une chronique par la forme mais je fais une exception pour ce roman. Les images que nous offre l’auteur avec des mots, sont innombrables, les réflexions s’y afférent sont sinueuses et vous prendront aux tripes. Chaque mot est une pulsion, une invective cérébrale, chaque phrase percute par sa finesse et son élégance. Colin Lemoine évoque et convoque l’ami intime de son père, décédé il y a quinze ans, Alain. Entre paradis perdu, enfance exhumée, Alain n’est qu’un prétexte. On sent que le livre a été écrit à par à-coups, que le temps le rend encore meilleur. Le souvenir de ces émotions, de ces ressentis, des évènements, est soudain. Cette voiture verte que lui avait offerte Alain fait rejaillir l’essence même des souvenirs•••
🦊 Chaque individu arrive avec son esprit à faire ressurgir un souvenir, un moment-clé pour se remémorer un instant vécu. Les voix de l’auteur et de cet enfant s’entremêlent réellement, chaque chapitre se concentre sur un thème particulier. Le style perdure tout au long du roman, c’est assez simple, je conseille à tout écrivain de ne pas le lire, de peur de ne plus jamais pouvoir écrire aucune ligne (du coup je repousse l’écriture du mien😅). Tout peut être interprétable dans un souvenir, tout peut être faux, trompé par l’altération du temps. Là n’est pas l’essentiel, car le gout du souvenir en lui-même porte déjà un petit plaisir. Vous aussi, vous lirez les quelques premières pages et vous risquez de succomber à ces envolées si poignantes mais avec une once de délicatesse littéraire. Oui, nous croisons du subjonctif imparfait, oui c’était une espèce en vue de disparition, ressortez le Bescherelle ! Certains mots que je ne connaissais pas venant enrichir mon vocabulaire, mettent encore un peu plus d’eau à mon vin d’adoration. Alain était juif, très maigre, incarnait un certain mystère. Ce roman ramène à la vie cet ami paternel qui faisait office de particularité•••



🦊 Extrait : « Depuis toi, je savais que les chevaliers pouvaient avoir la figure triste et un sexe fané. Il n’y avait aucune honte à être dépouillé. Mon corps de peu imprimait en moi de la fierté, celle que l’on tire des savoirs jaloux.»
« Je peux te trouver, Alain, pas te retrouver. Je ne peux pas te rejoindre, juste t’approcher. Toi et moi n’avons rien pour nous rejoindre que ma mémoire. »•••


 ❓Pour vous aussi, le style ça compte ?
🦊 Éditions Gallimard, Janvier 2019😍

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