Le général a disparu, Georges-Marc Benamou : Huis-clos avec le fondateur

Aucune description de photo disponible.•CHAOS INSURRECTIONNEL•
🦊 Quel roman absolument passionnant ! Georges-Marc Benamou nous entraine dans l’antre du Général de Gaulle en mai 1968. Je n’étais pas né lors de ces manifestations encore ancrées dans beaucoup d’esprits, ce moment de bascule où la rue est à la limite de prendre le pouvoir. Cela résonne forcément en nous en période de gilets jaunes, comment cette crise a t-elle été géré par un des plus charismatiques hommes d’État que la France ait connu ? Certes le roman est documenté de manière extrêmement riche car tous les évènements sont réels mais quelle magnifique habileté de l’auteur pour nous happer dans ce tourbillon insurrectionnel. Cette journée où le Président de la République a disparu sans laisser de trace fut décisive, toutes les rumeurs ayant circulé on n’imagine mal dans un monde tel qu’aujourd’hui hyper-connecté que cela puisse se reproduire. Se réfugiant à Baden- Baden en Allemagne en ce 29 mai 1968, à l’insu de son propre gouvernement, le général Massu l’accueillait dans cette base militaire pour le convaincre de ne pas faire usage de la force.
🦊 A quoi tient un massacre ou une catastrophe humaine ? A une phrase, à un mot d’un proche conseiller, une formule mal interprétée, l’Histoire se résume à cela. Des épiphénomènes anodins, ou banaux qui créent un évènement ou stoppent une situation intenable. Le passage sur la notion de carnage est tout simplement exceptionnel de lucidité et d’horreur. L’auteur se demande à travers la parole du général à partir de quel nombre de morts un carnage se définit. Selon les périodes de l’Histoire, des milliers de morts n’émeuvent personne alors qu’un seul décès peut tout simplement mettre le feu aux poudres. Georges-Marc Benamou et sa plume m’ont emporté, en faisant émerger la difficulté d’exercice du pouvoir, ce moment de bascule si intense qui décide d’un évènement futur•••
 


🦊 Ce roman est brillant, notamment pour la relation si particulière qu’entretiennent De Gaulle et Massu alors que leur profond désaccord sur la question algérienne demeure, il n’en reste pas moins que leur confiance ne s’estompe pas. Ce roman est loin d’être politique, il est humain et intelligent, émouvant et délicat alors que la situation s’avère être chaotique. Après la perte hier de Jacques Chirac, ce roman au cœur de la politique nous fait entrevoir avec une image romanesque, les arcanes du pouvoir•••

📚Extraits
« Il interrompt sa rêverie.
Non, il faut voir les choses en face.
Il n’aura pas le temps de dire, de voir, de rien…
Le déferlement sera trop fort ; la rage sans freins. La populace se jettera sur lui, et quelques minutes plus tard, sa tête sera au bout d’une pique, et son corps martyrisé, massacré, jeté dans un coin de la pièce.
Cette image l’humilie plus qu’elle ne l’effraie.
Une mort à la Mussolini, pauvre cadavre, sali, humilié, photographié, figé ainsi pour l’Éternité. Durant quelques instants, il a du mal à se défaire de cette image »•••

📚« On a beau donner l’ordre de « faire feu avec discernement », il y a toujours un incident ; on n’est jamais à l’abri. Il suffit d’un rien. Une torche, un pétard, le coup de feu d’un provocateur derrière une fenêtre, un « bleu » effrayé qui tire et entraîne la mitraille de ses camarades.»•••

 
 📚Première sélection Prix Interallié•
🦊 Éditions Grasset, Août 2019•
🦊 Merci @editionsgrasset Et @georgesmarcbenamou @ines_paulin 🙏🏻😍

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