Orléans, Yann Moix : chef d'oeuvre controversé


Aucune description de photo disponible.•COUP DE CŒUR•
🦊 Un coup de cœur entaché ? Ce livre est une merveille. Ce roman, sans polémique, aurait été un des romans de la rentrée, littérairement parlant. Car depuis deux mois, rares sont les commentaires qui faisaient état du talent d’écrivain de Yann Moix. Si beaucoup adulent Céline, nulle raison de se priver de lire Yann Moix car cet auteur a une plume indescriptible. Dans le prolongement d’Andreas Altmann, Yann Moix explore les relents de maltraitance de son enfance. Je n’ai pas à savoir si tous ces faits sont réels ou pas, cela reste un roman et sa façon de la raconter est tout simplement exceptionnelle. On a du mal à imaginer cependant que ce qui est raconté soit faux tellement les détails sont précis. Roman, ce petit bijou, écrit avec finesse et poésie, sans complaisance, est véritablement surprenant. Si chacun se fera son avis sur l’homme, j’espère que ce roman sera à nouveau encensé dans quelques années. Quelle difficulté pourtant de séparer l’auteur de l’Homme, mais quand je lis ce roman je me dis que c’était une bonne idée. Ces scènes de maltraitance sont dures à lire, les insultes d’une mère envers son fils font mal mais surtout ces humiliations répétées sont choquantes•••
🦊 Combien de fois ai-je sursauté sur ma chaise, combinée fois ai-je souligné des phrases somptueuses de justesse, combien de fois mes yeux sont sortis de leur orbite ? L’humiliation reste ancrée, ces instants terribles où sa mère va emmener son fils en pyjama à l’école, petit-déjeuner à manger en classe, avec la complicité du professeur, sont marquants. Si vous n’avez jamais été touché par les humiliations faites à un enfant, ce livre va changer votre perception de la chose. Car ces instants de détresse d’un enfant, sont insupportables à lire mais je n’ose imaginer à vivre. Chaque phrase reste poétique, chaque mot devient un poignard que l’on enfonce dans notre amygdale. Lui aussi rêvait d’être boucher, avait cette adoration devant ces étalages à une époque où manger de la viande n’était pas encore vu comme commettre un meurtre•••


🦊 Je n’ai pas été maltraité dans mon enfance et je mesure la chance que j’ai eu. On ne choisit pas ses parents et le facteur chance décide d’un bonheur ou non. Je mesure ces moments fugaces où mes parents réprimandaient mes bêtises avec un sourire plutôt qu’avec un coup. Pourtant, tout au long du roman j’ai reçu des coups, j’ai senti la douleur d’un enfant, la souffrance ressentie après des années pour des séquelles irrémédiables. J’ai eu beaucoup de mal à ne pas surligner l’entièreté du roman tant certaines envolées sur le piquet ou sur son aversion des mathématiques, sont lumineuses, moi aussi il manquait un œil à mon ours en peluche. Le roman est composé de deux parties, « Dedans » et « Dehors ». Les deux parties sont identiques ou chaque chapitre est chapitre est consacré à une scolarité allant de la maternelle aux mathématiques spéciales. La première faisant état des humiliations subies, la seconde étant encore plus littéraire, son amour pour Petit et Gide qui l’anime. Vous l’avez compris, ce roman est marquant, tant de choses ont résonné en moi comme un boomerang•••

🦊 Je tiens à rajouter que j’aime faire mon propre avis sur un roman peu importe l’homme, les révélations sur son passé sont encore plus compliquées à encaisser pour moi. Ses excuses publiques dans on n’est pas couché m’ont touchées il a déversé ses regrets comme dans son roman avec une puissance non négligeable. Sans cela je n’aurais peut-être pas lu ce roman tant le choc a résonné en moi. J’ai tenté de faire abstraction de ces fameux dessins lui qui a condamné l’antisémitisme pendant des années pour se repentir. La facilité aurait été de ne pas le lire et de fermer la porte sur Yann Moix, j’ai tenté pour une fois d’être plus humain ...

Extraits

« Si je meurs maintenant, ce n’est pas de mon passé que l’on me délestera, mais de la seconde que j’étais en train de vivre. Cette seconde était tout ce que je possédais. Mon existence ce n’est que cela, rien que cela : l’instant présent, dans sa gratuité pure, coupé de toute racine, sourd, ingrat à tous les hiers. Je ne suis qu’une imminence »

« Son regard que les années n’auront jamais été capables d’adoucir, était un instrument de mort., susceptible de rouvrir les cicatrices des êtres les plus blessés, de fabriquer des eaux stagnantes et polluées, de lancer des lames et de perforer les cœurs
»•••

 
🦊 Editions Grasset, Août 2019•••
🦊 Merci @editionsgrasset Et @ines_paulin 🙏🏻😍
@moixyann

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