Murène, Valentine Goby : Si touchant

Aucune description de photo disponible.•POIGNANT•
🦊 En un instant, tout bascule. Tant le roman de Valentine Goby, que mon impression de lecture. Parfois, c’est inexplicable, un mot, une phrase fait basculer notre esprit dans un sentiment ambivalent. Murène commence fort, peut-être trop fort, totalement plongé et noyé dans les effluves rythmées d’une symphonie littéraire. Un peu comme une relation entre deux êtres au caractère bien trempé. Ma relation avec murène a failli être éconduite. Je n’abandonne jamais un livre et encore moins après 30 pages. Il faudrait toujours tenter de voir jusqu’où l’auteur veut nous emmener. Valentine Goby a réussi à me transporter. Parce que ses personnages sont là, devant moi, je les vois, je les dessine. Dans cette France des années 50, sur ces chantiers au dur labeur.
Car l’écriture de Valentine Goby arrache, prend aux tripes, virevolte, explose en bouche. Ce simple petit objet, composé de pages, arrive à faire émerger autant d’émotions et de saveurs pour éveiller tous nos sens. Cette infime chose est miraculeuse et que bien peu utilisée à l’échelle nationale. François. Au cœur du roman, au pronostic vital engagé, un corps calciné et des blessures sur l’ensemble de sa chair. Puis la douleur d’une mère, que l’on doit épargner devant l’indicible. Cette scène terrible où chirurgien et mère dessinent et corrigent le corps sans bras de François. Inoubliable. Glaçant. Valentine Goby est une magicienne. Crescendo, elle anime ces individus qui nous sont de plus en plus proches, sur lesquels on greffe un visage, des traits parfaitement lisibles. Survient le moment où le temps s’arrête. Encaisser le choc. Comprendre que toutes les choses possibles auparavant ne le seront jamais plus. Valentine Goby utilise un procédé d’une certaine rareté, en utilisant des dialogues en prose, sans une once de ponctuation parfois. Cela donne une force et une puissance démesurée. Le rythme s’accélère, notre pouls également. Vivre sans ses deux membres, réinventer un quotidien. Le début de la belle aventure paralympique. Tant d’éléments dans ce roman pour vous faire fondre. La pudeur, l’humanité et la décence, rendant ce roman bouleversant
Cela donne une force et une puissance démesurée. Le rythme s’accélère, notre pouls également. Vivre sans ses deux membres, réinventer un quotidien. Le début de la belle aventure paralympique. Tant d’éléments dans ce roman pour vous faire fondre. La pudeur, l’humanité et la décence, rendant ce roman bouleversant. À une époque où le handicap était tabou, l’écriture est exigeante forcément mais passez au-delà de cet obstacle, cela en vaut terriblement le coup ! Puissant mais surtout instructif, l’auteure a du énormément se documenter pour produire autant de détails de certaines situations. Et chaque auteur qui effectue un travaille aussi multiple doit être mis en avant 😍•••
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🦊 Éditions Actes Sud•••

🦊 Extraits : « Il se demande si on se fait à ces visions de cauchemar. À la place réduite qu’on vous assigne, infirme parmi les infirmes »
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« Où va le blanc quand la neige fond ? songe Shakespeare, ce blanc indubitable des flocons, de la neige tassée. Si sûr et soudain aboli. Où vont les souvenirs quand l’oubli les dévore, en vide le cerveau sans y laisser la moindre empreinte, pas même l’infime trace calcaire dont la neige signe son passage, elle, après s’être évanouie. »
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« Il a vingt deux ans, il n’a eu le temps de rien, il n’a plus le temps de rien. Ça change quoi l’âge de tes artères si la carcasse est foutue ? En un quart de seconde à Bayle il est devenu un vieillard. »

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