Sale gosse, Mathieu Palain, L'iconoclaste : seulement des gosses

•SEULEMENT DES GOSSES•
🦊 C’est un roman de cette jeunesse que les réactionnaires détestent. Cette jeunesse qui agace, qui en devient immature, n’ayant aucune limite. Cette jeunesse réelle que l’élite mondaine refuse de voir. Cette jeunesse dont on connait l’existence mais qu’on préfère occulter plutôt que de s’en occuper. Cette jeunesse qui n’a plus à rien à voir celle des années précédentes. Cette jeunesse qui ne lit plus, qui s’occupe avec ce qu’elle a. Cette jeunesse qui ne voit plus la hiérarchie comme certains voudraient qu’elle le soit. Cette jeunesse qui est à un moment charnière entre deux mondes. Cette jeunesse qui ne parle pas la langue de Molière mais qui vit. Cette jeunesse qu’on prend souvent par le mauvais bout, par le mauvais prisme, celui de la répression et non de la compréhension. Cette jeunesse qu’on abandonne, sans cesse à ses propres démons. Cette jeunesse à qui l’on jette souvent la pierre pour masquer certaines de nos turpitudes. Cette jeunesse qui respire une joie de vivre contagieuse parfois, inhibitrice à d’autres moments•••


🦊 Mathieu Palain redonne la parole à cette population paupérisée, à ces jeunes abandonnés. Ces jeunes qui ne sont pas responsables de leurs parents, à qui l’on demande une exemplarité mais qui ne savent pas à quoi elle ressemble. Le film « La tête haute » en mémoire, est le complément idéal de ce roman. Mais peut-on l’appeler ainsi ? Mathieu Palain a choisi l’immersion à la PJJ, la protection judiciaire de la jeunesse, pendant six mois pour tenter de comprendre le quotidien de son père, éducateur social. Le sujet est dur, l’écriture est douce. Cela aurait pu aller encore plus loin pour un roman plus explosif, plus habité. Ces parents, désemparés devant cette jeunesse, qui n’est pas propre sur elle, sont attachants car dénués de moyens réels pour les accompagner. Ces destins familiaux qui ne tiennent parfois qu’à un fil, touchent du doigt les difficultés françaises à écouter l’autre, à le comprendre au lieu de punir. Chaque page retient l’attention, Wilfried est un manieur de ballon, viré du centre de formation auxerrois, pour une bagarre avec un adversaire•••


🦊Son futur aurait pu être tracé, il aurait pu devenir un footballeur professionnel, gagnant de l’argent à foison et donnant une leçon à ceux qui n’ont pas cru en lui. Sauf que dans la vie, une étincelle peut tout faire basculer•••
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🦊 Éditions L’Iconoclaste, Aout 2019•••

🦊 Extraits : « Quand je suis arrivée à la PJJ, je voulais changer le monde. Aujourd'hui, j'essaye de ne pas l'abîmer. Ton métier c'est semer sans jamais récolter.»
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« Je ne viens pas vous faire la morale mais, s'il vous plaît, n'oubliez jamais que les dés jetés à la naissance ne sont pas une fatalité. Il y aura des mains tendues. Soyez assez modestes pour les saisir. » ———————————————————
« L’avenir, vous pouvez le prendre par tous les bouts, face à un gamin de seize ans qui a décidé de vivre au jour le jour, c’est un mot qui ne veut rien dire. »

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