Et frappe le père à mort, John Wain, éditions du Typhon

Aucune description de photo disponible.💂🏻‍♂️SO BRITISH💂🏻‍♂️
🎼 Si tu étais un rythme tu serais le swing. Et frappe le père à mort. La rythmique du swing en trois temps s’accorde avec l’ampleur du drame. On n’écrit pas en 1962 de la même manière qu’en 2020. Cette écriture sibylline, sans cesse en apesanteur n’existe plus ou presque. Les mots sautent, virevoltent, n’ont de cesse de nous prendre par la main pour s’évader. John Wain m’a emporté une fois de plus. J’ai retrouvé le style britannique, cette touche si élégante, smart et enlevée à la fois. Un anglais roule à gauche mais toujours dans le bon sens quand il s’agit de littérature. Hurry on down édité en 2018, était puissant, ce roman est au-delà de mes espérances. Ce flegme si particulier et singulier, ce délicat phrasé n’en est que plus exaltant lorsque l’histoire vous emporte à travers le style•••

🧜🏻‍♂️ Si tu étais une arme, tu serais un trident. Trois pointes parallèles, trois individus aux sensibilités différentes. Alfred, le père, tout d’abord, professeur d’université qui demeure dépassé par la vie. Jérémy ensuite, son fils, cœur du roman qui aura comme divergence principale, la musique, ne réclamant qu’une liberté et une émancipation paternelle. Eléanor enfin, soeur d’Alfred qui offrira un regard distancié et neutre tout en finesse et en toute objectivité. Trois voix qui s’exercent avec talent, un point de vue différent, des revendications distinctes.

🎷 Si tu étais une musique, tu serais God bless the Child, de Billie Holiday pour ta légèreté, ta douceur et ton côté poignant. Une voix suave s’élève de ton harmonie grammaticale, chaque lecteur s’en retrouve allégé. A la fois grave et profond, ce roman décrit une relation père-fils unique et sans artifice. Une ouverture sur le monde, d’esprit, pour une jeunesse qui manque de maturité, ce thème m’exalte. Deux générations qui s’opposent, deux visions du monde, une relation qui s’étiole. Le père aime la musique classique, le fils le jazz, il n’en fallait pas davantage pour creuser un conflit déjà existant entre les deux personnages.

Fuguant de son école, il disparaitra à Londres, pendant les bombardements nazis en 1943, après avoir découvert pour la première fois, chaque petite chose d’une vie. Déclic ou révélation, Jérémy deviendra pianiste, ne vivant que pour le rythme de la musique jazz. Le point commun entre le père et le fils restera l’acharnement au travail dont ils auront fait preuve. Jérémy donne le tempo dans le roman, il donne la première note pour que les autres en découlent. A la fois roman d’apprentissage et d’élévation de l’esprit, nul n’aura une confrontation violente, deux gentlemen qui opposeront leur vision du monde. Décidément, on n’écrit pas de la même façon en 1962•••

🦊 Éditions du Typhon, mai 2019•••
🦊 Traduction de Paul Dunand révisée par les éditeurs, Prix Mémorable 2019  


🦊 Extraits : « C’était pour moi une frivolité pathétique de rabâcher un truc comme la grammaire grecque alors que le salut de mon âme était en jeu » ——————————————————

« J’ai consacré ma vie à un idéal, et cet idéal est étroitement lié à la maîtrise de soi, au service d’autrui et à une lutte constante pour s’élever au-dessus de la facilité et de la complaisance envers soi-même, éléments qui font partie de la fibre de chaque être vivant » ———————————————————
« Avez-vous remarqué que certaines périodes de notre vie finissent par ressembler, avec les années à de simples taches de couleur, s’imbriquant les unes dans les autres pour former un tout immuable, jusqu’à ce qu’un événement précis arrive et lui donne un nouvel aspect ? »
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« Un petit groupe s’était formé autour des musiciens : plusieurs filles, quelques soldats, une poignée de jeunes gens, un peu dans mon genre ; et parmi eux, une femme d’un « certain âge », pour ne pas dire une vieille taupe – elle devait avoir  au moins trente ans. Elle était maquillée à la truelle, et ses cheveux étaient teints avec un produit qui leur donnait  une couleur flamboyante. J’ai appris depuis que ce produit s’appelle le henné. Elle portait des chaussures avec des lacets entrecroisés qui lui montaient jusqu’en haut des chevilles. Je l’ai remarquée, non seulement parce qu’elle était plus âgée que les autres femmes qui se trouvaient là, mais aussi à cause de son genre franchement plus vulgaire. »•••
 

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