Journal d'un amour perdu, Eric-Emmanuel Schmitt, éditions Albin Michel

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🦊 Si tu étais un animal, tu serais un phœnix maman. Pour renaître de tes cendres, tu serais un oiseau aux couleurs éclatantes, tu serais immortelle, tu serais unique. Écrivant depuis toujours sur le deuil, ce journal ne pouvait qu’avoir un immense écho en moi. Ce moment, cet instant où la personne disparait, n’existe plus et part pour toujours. Cet éclair fulgurant qui ne permet plus d’avoir une réaction, d’entendre un son, de la voir bouger, cet éclair là est inoubliable. Eric-Emmanuel Schmitt livre un journal intime d’une puissance électrique, il a foudroyé mon cœur. En perdant sa « maman » sa douleur ne cesse d’être incandescente. Pendant ce temps, je redoute, je crains le jour où ma mère partira, j’enrage de me dire que ce jour est possible. Plus ma chronique avance, plus mes yeux se tordent d’anxiété et d’horribles visions. Qui n’a jamais rêvé de ce jour là, espérant que ce n’était qu’un rêve, se réveillant au matin pour aller embrasser sa mère pour que jamais elle ne parte ? Ce livre est intimiste, ce livre fait ressortir quelque chose d’intimement explosif en nous. Combien de phrases ai-je mémorisé mentalement dans cet ouvrage, peut-être 90% du texte. Si l’on surligne tout, cela revient-il à ne rien souligner du tout ?


🦊 Cher roman, cher journal tu m’as retourné les tripes, tu m’as explosé le coeur, tu as magnifié mon âme, tu es ne pouvais pas rester dans l’ombre. Chaque fils, chaque fille devrait lire ce roman pour s’y préparer. Dans chaque évènement mieux vaut visualiser les choses en amont pour éviter un choc trop important, lorsque vous passez un examen, mieux vaut aller repérer les lieux avant pour ne pas être impressionné. Mieux vaudrait se préparer à cet instant pour ne pas couler, ne pas s’effondrer devant le départ de celle qui vous a mis au monde. Rien n’est mis sur le côté, toutes les phases de ce départ sont envisagées et tournoient comme un tourbillon d’émotions qui ne cessent jamais. Peut-on réellement passer à autre chose ? Je n’ai jamais été doué pour réconforter, pour trouver les mots justes quand une personne s’en allait•••



🦊C’est le moment de la vie qui me cloisonne, qui m’étreint totalement, qui me bouleverse tellement qu’il annihile tout raisonnement en moi. Ces phrases bateau qui me sidèreront toujours dans un enterrement, ces phrases qui réduisent un décès une perte d’un objet lambda, je n’ai pas envie d’être raisonnable dans ces moments-là. Qui y a t-il de mal à exprimer sa douleur, est-ce mal de libérer ces émotions pour une seule journée, ne me retenez pas de pleurer, ne me retenez pas d’exploser et d’imploser. La société s’aseptise, laissez moi crier ma peine, laissez-moi exprimer ce que mon cœur ressent. Je n’ai pas à contenir tout cela pour mon seul corps, laissez-moi...
Eric-Emmanuel Schmitt est un artiste des mots, sa musicalité ne peut que réconforter. Si vous cherchiez un livre faisant office de plaid, un livre qui vous enrobe en plein hiver, qui vous plongera dans les abimes de vos émotions, ne cherchez plus : il est là. Tel un journal intime, entre maximes et éloges, entre diatribes et émotions, Eric-Emmanuel nous livre son coeur, son organe le plus intime qui sera assez proche de chacun de vous.
Parce que la douceur d’une mère peut s’éteindre en une fraction de seconde, et par pur égoïsme, je préfèrerais partir avant toi•••

 
🦊 Éditions Albin Michel, Septembre 2019•••
 
🦊 Extraits : « Les tombes constituent les étiquettes que laissent sur terre les disparus.
Pour éviter que ces étiquettes ne s’envolent, on les fabrique en pierre.
Et les cimetières sont des champs d’étiquettes.
Une étiquette cesse d’assurer sa fonction si personne ne la lit.
Je me recueillerai sur ta tombe pour témoigner de ta présence. »•••


« La vraie sagesse ne revient pas à détenir des certitudes mais à apprivoiser l’incertitude. » ••• 

« Le pessimisme se borne à une systématisation de la tristesse, l’optimisme à celle de la joie. Ni l’un ni l’autre n’énonce une vérité, ils aménagent l’existence. Le premier rajoute de l’inconfort, le second l’atténue. »•••

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