Roissy, Tiffany Tavernier, éditions Points


•PRIX ROMAN POINTS 1/10•
🦊 Première chronique d’une longue série pour le jury de ce merveilleux prix ! Découvrir Tiffany Tavernier et Roissy dans un roman atypique. Ce personnage amnésique s’invente des vies dans un aéroport, entre destinations exotiques et métiers inventés, elle navigue dans ce lieu si intimidant. Elle s’appelle Anna, prénom tout aussi inventé, et ne cherche pas à retrouver sa mémoire. Elle est bien dans cet aéroport où tous les recoins ne lui sont plus étrangers. Ce roman est si particulier car il nous laisse sur le côté, dans une sorte de voyeurisme touchant. Cette femme nous attendrit par sa déconnexion sociétale, elle est dans cette zone de non-droit. L’auteure restitue à la perfection cette ambiance si détachée d’un aéroport, là où les âmes se croisent sans jamais communiquer. Serait-elle cleptomane ? Elle subtilise apparemment par nécessité pour s’offrir une chambre d’hôtel quand son butin du jour est assez conséquent. Mais pourtant tout n’est qu’apparence car l’auteure ne dévoile pas toute son intrigue, reste évasive et c’est ce qui fait le charme de ce roman. Mais est-ce suffisant ? J’ai trouvé ce procédé si novateur, traverser cet endroit à travers les ombres permet de décrire ces touristes fantômes. Après avoir lu ce roman, il paraît difficile de parcourir à nouveau un aéroport sans penser à ces individus dont on imagine le destin. Oui elle est sans domicile fixe, Vlad son compagnon continue de rester près d’elle sans savoir pourquoi, ils sont quelques uns à arpenter ce lieu mais un homme risque de changer son existence. Si les débuts sont frappants de réalisme, le roman a du mal à tenir le rythme tout au long. Cela étant, c’est parce qu’il est improbable que ce roman m’a séduit, en immersion totale car la surface n’est que peu évoquée. Ce dédale, ce huis-clos incessant est une véritable prouesse de la part de Tiffany Tavernier. Cela aurait pu être ennuyeux ça ne l’est pas, nous prenons notre envol pour la misère humaine et l’absence de regard pour l’autre. Cet autre qui est une femme, un homme, qu’on ne regarde pas, où l’on détourne la tête par crainte ou par honte•••

🦊 Ce regard là peut tuer, peut détruire un mental, un physique et une posture. Ces instants de vies sont savoureux dans ce film romanesque décrit par l’auteure, on imagine parfaitement une Julia Roberts dans ce rôle de femme déboussolée. L’écriture est très appréciable, il manque peut-être un petit suspens qui aurait pu en faire un sacré roman ! J’aime ces histoires de femmes et d’hommes esseulés, d’âmes humaines brisées qui continuent de résister dans la déchéance. Je ne pense pas qu’il soit mon gagnant du prix mais pour l’instant il est numéro 1... sur 1 😅•••

🦊 Août 2019

🦊 Extrait : « Je reste encore un long moment à regarder le flot des passagers. J’imagine leur vie, leur métier, leur invente des destinées que j’aimerais coucher sur le papier, ce que je ne ferai pas par superstition, comme si écrire sur eux pourrait influer le cours de leur existence»•••


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