Tribune : Confinement et confort

Résultat de recherche d'images pour "super heros coronavirus"Jour 10 ou 11, selon la police ou les manifestants. Vous ne croyez tout de même pas que j’allais céder aux sirènes du journal de confinement ? Longue litanie, principe du superflu et de l’inutile. Pourquoi nous infliger cela ? Leila Slimani avait commencé le massacre d’un journal indécent, nul doute que d’autres continuent le journal du néant. Vu et revu, la profondeur de ces écrits n’en sera que terne. N’est pas Anne Franck qui veut.

Les français sont désemparés depuis le confinement. Applaudir à 20 heures c'est bien, mais comprendre la situation, c'est mieux. Quiconque aura besoin d'un aide médicale tôt ou tard dans sa vie. Sans eux, nous sommes déjà dans le cercueil à 40 ans. Faites-leur confiance.

« Comment vais-je faire pour aller au cinéma ? »
« Oh mais il faut qu’ils me remboursent s’ils ferment ! »
« Je ne peux pas acheter de gâteaux à la fraise »
« Chérie, il manque du beurre, je vais au supermarché. » 
« Et si j'organisais un challenge totalement con ?», diantre, ma vie est ruinée. Il n’y a plus de papier toilette et de pâtes en rayons, déchéance. En temps de crise, le niveau moyen d’intelligence se mesure assez rapidement. Ces rouleaux rosés seraient-ils pour essayer les futures larmes de nos compatriotes ? Rond, un trou au milieu, ces rouleaux symbolisent le gouffre dans lequel certains s’immiscent. Tout est à disposition, dans chaque endroit il y a ce dont vous avez toujours eu envie. La tentation est là, prête à ce qu'elle soit saisie à pleines dents. Cette facilité d'accès nous a tué, nous a rendu fainéant, immobiles, parés au plus pressé. Chacun a ses priorités, s'il manque un élément à vos fondamentaux même s'il s'agit de chipster ou de coca zéro, beaucoup cèderont. Parce que dans leur esprit, ces petites choses sont vitales. Et pourtant elles sont devenues mortelles. Simple. Basique. Les plus faibles trinqueront, la loi du plus fort règne toujours. Les français retiendront-ils la leçon post-apocalyptique virale ? Ils ont pourtant étudié et vu sur Netflix certaines séries qui annonçaient le périple. Malheureusement, ils se dirigent toujours vers leur instinct primaire : le confort.

Ce mot si chaleureux, si essentiel à nos sociétés actuelles, ira de pair avec le mot consommer. Car un jour sans avoir acheté un objet, un aliment, n’est qu’une perte de temps pour beaucoup. Il faut acheter, consommer, remplacer, détenir ce pouvoir, permettant de faire sien n’importe quel article, se sentir tout-puissant. En vouloir toujours plus. Se gargariser d’avoir la plus grosse, la plus grande, la plus belle, la plus chère. Comme si l’objet nous définissait. Et si c’était le moment de prendre conscience, de raisonner, de songer à notre avenir qui peut s’effondrer en deux mois ?
Le confort. Cette période de confinement fera rejaillir les plus bas instincts. Chacun y verra le petit confort de sa toute petite vie, se modifier, s’altérer. Cette période permettra à chacun de revenir à des fondamentaux, à une simplicité sans strass ni paillettes, à vivre simplement. Si j’ai peu d’espoir, je reste persuadé que c’est le rôle de chacun de faire de l’ennui (si ennui il y a) un moyen de faire découvrir de nouvelles choses que le quotidien nous aurait absout.

Rester enfermer chez soi est devenu une tare. Il y a les complotistes d’un côté qui pensent que le virus a été crée pour éradiquer la moitié de la planète, ou que c’est Bruce Willis parce qu’il veut encore sauver le monde. Nul besoin de parler davantage de ces illuminés incompris qui se rattachent à l’exceptionnel. Parce qu’ils veulent y croire, parce qu’ils regardent trop les séries sur OCS. Parce qu’ils veulent être vivants. Etre les seuls, les premiers à démasquer un complot qui ferait du bruit.
Et puis il y a les autres, ceux qui critiquent un gouvernement, les mêmes qui continuent le dimanche d’aller se balader en groupe et pique-niquer. Quand vous supporter votre équipe sportive, huez la pendant 90 minutes et nous verrons si elle sera plus performante. Il est temps en situation de crise, d’abattre les frontières, de cesser toute politique, de stopper les clivages qui pourrissent le quotidien des individus. Parce qu’il y a des normes, des hiérarchies et la vie y est au sommet. Alors oui, notre gouvernement est à blâmer comme tous les gouvernements mondiaux dont aucun n’a réussi à endiguer à temps l’épidémie. Il est facile de critiquer x ou y mais il est encore plus facile de balayer devant sa porte. Si chaque individu acceptait un compromis, une concession parfois pour l’effort national et cessait de pleurnicher sur le moindre petit acquis qu’on lui enlève parce qu’il faut compenser et que la solidarité est un concept bien évasif pour tant de français. Peut-être à ce moment-là nous serions davantage préparés à subir une crise. Ce processus est simple. Il s’applique à tous les domaines dont l’écologie. Si les grands groupes sont à blâmer, nous pourrions également blâmer chaque individu irresponsable qui avec sa pratique de consommation globale ruine l’écosystème autour de lui de manière plus pernicieuse. Vous êtes important, chaque individu a son rôle à jouer. Celui d’aujourd’hui est de rester confiné.

Certains parleront de la Russie ou de la Chine, des modèles de liberté démocratique, de liberté de la presse et de l’information (sic). Israel quant à lui, a limité à trois morts à l’heure actuelle les dégâts. Sauf que les malades sont géolocalisés par le Shin Beth (service de sécurité intérieure). Ils ont alors toute latitude pour espionner les téléphones portables des citoyens et retracer leur itinéraire précis durant les quinze derniers jours. L’objectif : détecter chaque personne ayant été en contact avec un porteur du coronavirus. Toutes reçoivent ce type de message : "Selon une enquête épidémiologique, vous étiez le 23 mars dernier à proximité d'un malade du coronavirus. Placez-vous immédiatement en quarantaine".
Je laisse imaginer le tollé qu’une telle décision serait en France. Le pays des libertés. Peut-être que la liberté pendant quelques mois ne vaut pas la mort de votre compagnon, de votre parent ou grand-parent. Sommes-nous prêts à renoncer à certaines libertés ?

Restez chez vous. Lisez. Cultivez-vous. Cette période de confinement sera surement la seule dans votre existence, autant en faire une force pour préparer la prochaine si elle se présente. Qu'elle arrive à faire découvrir de nouveaux horizons.

Soignants, vous êtes notre fierté, nous nous battrons à vos côtés pour chaque combat.

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