Tribune : Les librairies ne doivent pas rouvrir

Résultat de recherche d'images pour "librairie"Cher Bruno, nous sommes en Mars, si nous cumulons ces deux mots, tu danses nettement moins bien. Cher Bruno, il y a un peu de brise dehors, sens-tu le vent qui fait tourner telle une girouette tes idées ? Il y a peu de jours, les librairies ont fermé comme tant d’autres commerces. Première nécessité ou pas, tout dépend de l’angle dans lequel on se trouve. Pour certains, le livre aura une nécessité absolue, permettant de s’évader. Pour d’autres, il s’agira des jeux vidéos, des sex-shops, de la pêche à l’anguille fumée, du curling, du trampoline sur fruits et légumes, du découpage de buchettes milieu hostile ou encore de la cuisson au foin avarié d’un merlan frit sur une compote d’oignons à la pastèque. L’endorphine cher Bruno. Ce qui est nécessaire n’est qu’un point de vue. Ce matin, tu déclarais que les librairies étaient un commerce de première nécessité, que leur fermeture allait être révisée.

Cher Bruno, ton irresponsabilité au-delà d’être palpable en devient humoristique. Alors que pendant des années, les librairies mourraient au fur et à mesure, je n’ai jamais lu qu’elles étaient nécessaires. Quand le bateau coule, les bons sentiments reviennent ? Le monde littéraire ne craquera pas, le monde littéraire est prêt à souffrir deux mois voire davantage mais ne rompra pas. Ses convictions sont profondes, son attachement à certaines valeurs; que les hommes politiques ont oublié depuis bien longtemps; demeure intacte. Non les librairies ne doivent pas rouvrir même si cela est un crève-cœur. De quel droit la littérature devrait-elle passer devant tous les autres commerces ? Que dirait l’association des godes de France dont l’usage en est de première nécessité ? Que dirait l’association des prestidigitateurs ? Que dirait l’association des récoltes de chewing-gum en milieu urbain ? Tous ces commerces sont indispensables en réalité selon le profil ciblé. Là demeure tout le problème. Si la décision de laisser ouverts les bars-tabacs est plus que contestable (lieu où l’hygiène est surement pire qu’une cuvette de toilette infestée par le Covid 1 cumulé jusqu’au Covid 19 et toutes ses autres formes de mutations), il parait difficile de hiérarchiser les commerces, voire impossible. Qu’il s’agisse de la santé et de la protection de nos libraires, des lecteurs, des livreurs, il est temps d’être raisonnable. D’être responsable. Conscient. Lucide. Il s’agira nous l’espérons de la seule fois dans l’humanité où des lecteurs demanderont à ce que les librairies ferment mais c’est un mal nécessaire. Non Bruno, permet-moi de t’appeler par ton doux prénom, pare-toi de ton plus beau costume d’homme girouette. Pour une fois tu ne t’en tiendrons pas rigueur et change de voie. Il est temps d’abandonner ton idée de rouvrir les librairies, une personne à la fois, acheter le livre et repartir. Tristesse. Déchéance. Un homme de culture ne peut pas dire cela. Pourtant, tu as écrit cher Bruno. Tu as écris dans plusieurs maisons d’édition, parlant de vie politique pour l’essentiel, somme toute au bord de l’ennui. Tu voulais « nourrir la planète » en 2012. En 2011, « sans mémoire, le présent se vide ». J’ai l’impression que tous tes titres résument le ring et le yang de l’absurde. En 2014 « à nos enfants », tu devais surement t’adresser aux tiens, ceux qui demeurent dans l’opulence. En 2016 « ne vous résignez pas », bon dieu cher ami en t’écoutant nous nous résignons par essence.

Alors, oui le méchant Amazon est un subterfuge pour nous faire avaler des couleuvres. Évidemment qu’Amazon doit cesser de livrer, et en même temps il s’agit de business, tous les coups sont permis dans cette société que certains de la caste politique ont crée. Le serpent qui se mord la queue ? Le renard qui se mort les couilles ? J’ai essayé et ça fait mal. C’est bien beau de dénoncer les pressions inacceptables d’Amazon, pourtant ne pas payer d’impôts en France ne gêne personne depuis des années dans vos services. Le beurre, l’argent du beurre, et bientôt plus de beurre dans les épinards. Concurrence déloyale, absence de choix pour la culture. For sure. Cela tombe sous le sens non ? Qui va venir dans une librairie ouverte avec un masque et des gants, nos rues se vident, nos rues puent le néant, nos rues sont devenus insalubres de culture. Qui va venir dans nos librairies ? Personne. Si votre seule solution fut celle-ci, il est temps de retourner vous confiner aux confins de l’irresponsabilité.
Des pétitions circulent comme celle des éditions Parole, des pétitions qui demeurent lucides et conscientes. Bruno, on ne s’improvise pas chantre de la culture, on respire, on réfléchit, on lit, on milite, on transpire mais on ne cède pas. Pour des questions sanitaires évidentes, pour des questions d'égalité et de loyauté envers tous ceux qui souffrent et vont souffrir.

Non, les librairies ne doivent pas rouvrir. Prenez une capture d’écran je ne le dirais plus jamais.

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