La marche brume T1

 La marche brume. Vol. 1. Le souffle des choses

Je ne me lasse pas du trait unique de Stéphane Fert : ses paysages se construisent en voiles de teintes juxtaposées, ses touches de pinceau ondulantes forment des volutes qui semblent vivantes, et ses choix chromatiques — violets profonds, roses délicats, saumons vibrants ponctués de verts d’eau — créent une palette à la fois onirique et troublante. Les personnages, esquissés à grands gestes sur fond d’arbres stylisés, se distinguent d’un coup d’œil par leur silhouette ou leur coiffure, comme surgis d’un rêve où chaque forme se fond dans la suivante. Dès la première page, on est happé par cette forêt à la fois ensorcelante et menaçante, dont l’esthétique impose un climat fort, presque magnétique.

Sur le plan narratif, l’auteur nous plonge dans un Moyen Âge revisité, où la magie ne se limite pas aux clichés du genre. Les retournements de situation se succèdent, révélant des facettes insoupçonnées de chaque protagoniste. Ce monde embrumé réserve de vrais coups de théâtre, et l’intrigue ne faiblit jamais : au fil de l’aventure, le suspense monte crescendo et l’on doute constamment des alliances et des motivations de chacun.

Ce qui m’a particulièrement séduit, c’est l’équilibre subtil entre gravité et légèreté : un humour pince-sans-rire désamorce habilement les scènes les plus sombres, tandis qu’une pointe de féminisme renforce la modernité du récit. L’éveil à la nature, sa puissance et sa fragilité, imprègne le propos d’un souffle écologique qui donne encore plus de relief à ce voyage.

Quant à la conclusion, elle m’a pris de court ! Sans déflorer l’essentiel, je dirais qu’elle ouvre instantanément de nouvelles questions et m’a laissé impatient de découvrir le tome 2. En somme, cette première partie est un régal pour les sens et l’esprit : une vraie réussite, tant graphique que scénaristique.

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