Le chevalier au dragon

 

J’ai été immédiatement happé par cette adaptation en bande dessinée pensée pour les ados, qui retranscrit avec brio l’atmosphère mystérieuse des légendes arthuriennes. L’histoire commence quand un jeune garçon, dont on a toujours caché les véritables origines, met la main sur un vieux manuscrit évoquant Merlin et un passé sulfureux. À ses premières découvertes, il comprend que Morgane ne tient pas du tout à ce qu’il exhume ces secrets ; la fée semble, pour sa part, davantage veiller à ce que certaines vérités restent enfouies.

Accompagné de son fidèle destrier — presque un personnage à part entière, digne d’un Saint-Bernard médiéval, prêt à tout pour le tirer d’un mauvais pas —, le héros se rend à Camelot pour solliciter l’aide du roi Uther. Mais pour être entendu, il doit participer au grand tournoi royal, alors même qu’il n’est pas chevalier : un défi de taille qui rappelle l’épreuve d’Excalibur, mais avec la fraîcheur d’un jeune outsider.

Graphiquement, l’album séduit par son trait réaliste et ses couleurs sourdes, qui dépeignent les landes brumeuses et les châteaux de pierre sans superflu. La double-page d’ouverture, présentant une carte détaillée des sites légendaires de Grande-Bretagne, plante le décor et invite le lecteur à se repérer dans cet univers millénaire.

Au-delà de la simple quête d’une épée ou d’un Graal matériel, le récit interroge la notion même de destinée : le jeune protagoniste court-il après une chimère, ou bien le Graal est-il l’acceptation d’un chemin intérieur, libéré des illusions ? Cette dimension philosophique, peu courante dans la BD jeunesse, confère à l’ouvrage une profondeur inattendue.

Entre légendes révélées, complots féeriques et joutes chevaleresques, cette bande dessinée réussit à rendre vivantes des traditions séculaires tout en proposant une réflexion sur l’identité et le courage. Un voyage initiatique passionnant, qui donne envie de replonger dans les mythes arthuriens sous un jour nouveau.