La fleur au fusil
Italie, 1868. Lors d’une embuscade audacieuse, c’est une femme – Michelina di Cesare – qui prend les rênes d’une bande de brigands « terroni », ces paysans du Sud méprisés par les habitants du Nord. Sa cible ? Les Piémontais, responsables de la capture de son frère Giovanni, et plus largement l’État italien naissant, qu’elle accuse de spoliation foncière et de pressions fiscales.
Aux côtés de son fidèle complice Francisco Guerra, Michelina orchestre une guérilla implacable : elle fédère sous son étendard les paysans rebelles, joue de sa réputation — amplifiée par la diffusion en masse d’un portrait photographique la montrant armée — et déploie un sens tactique digne des meilleurs stratèges de l’époque.
Cédric Mayen retrace ce parcours hors norme, celui d’une chef de clan capable d’unifier des hommes de conditions diverses et de mener une guerre asymétrique contre la centralisation piémontaise. Cristiano Crescenzi illustre ce destin avec un trait puissant : encre de Chine, aquarelle et acrylique confèrent aux planches un contraste saisissant, baignant l’action dans des ambiances sombres et chargées de tension. Michelina, silhouette fière et inflexible, émerge de ces images comme la souveraine de son propre royaume de contrebandiers.
Inconnue du grand public jusqu’à présent, Michelina di Cesare se révèle ici dans une biographie graphique captivante, dont la richesse narrative et le dessin précis font une découverte aussi instructive qu’envoûtante.
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