Tête de chien, Livre 1 et 2, Vincent Brugeas et Yoann Guillo
Livre 1
Le tandem formé par Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat, épaulé cette fois-ci par Yoann Guillo, nous plonge au cœur du Moyen Âge… Josselin, surnommé « Chevron d’Argent », croyait sa destinée tracée vers le service divin, mais c’est en chevalier aguerri qu’il a consacré son existence. Son rêve ? Émuler les exploits de Gauvain, Olivier ou Roland, combattre aux côtés de Guillaume le Maréchal et du jeune duc d’Aquitaine, Richard. Or, il découvre à ses dépens que le faste des tournois cache un monde de manipulations et de faux-semblants.
À ses côtés évolue Jehan, dite « Tête de Chien », une jouteuse masquée qui dissimule son identité pour pouvoir lutter à armes égales, et le mystérieux « Chevalier noirci », dont le visage masqué dissimule des motivations tout aussi obscures. Ensemble, ils vont déjouer les complots ourdis par les puissants, assister à la corruption galopante des paris sur les joutes et constater l’ignoble forfaiture de ceux qui misent sur leur propre défaite pour rafler la mise.
Cette série offre une immersion réaliste et sans concession dans l’univers des tournois médiévaux : us et coutumes, enjeux politiques, rivalités de cour, intrigues financières et ambitions personnelles s’entremêlent sous le regard candide de Josselin, la ruse de Jehan et l’énigme du Chevalier noirci.
Graphiquement, Ronan Toulhoat livre des affrontements d’une rare intensité – entre grandiose hollywoodien et violence historique –, tout en sachant adopter un trait plus apaisé pour les scènes de dialogue. Les double-pages introductives, au style brut évoquant Frank Miller, dévoilent en un éclair les pensées intimes des protagonistes, avant de céder la place à une narration plus fluide où l’action s’enchaîne sans relâche. Un premier tome réussi, qui donne fort envie de découvrir la suite.
Livre 2
Josselin, autrefois rêveur de chevalerie pure, a vu ses illusions s’effondrer après les mésaventures du premier tome : l’honneur et la vaillance dont il se targuait lui paraissent désormais de vaines chimères, remplacées chez ses compagnons d’armes par la trahison, la lâcheté et le chantage. À ses côtés, Jehan, digne d’obstinée et d’intègre qu’elle est, peine toujours à dissimuler son féminin dans ce monde de mâles, prisonnière d’un déguisement aussi nécessaire qu’oppressant.
Leur retour parmi les jouteurs ne se fait pas sans heurts : Gaucher de Joigny, persuadé d’avoir été floué au tournoi précédent par Josselin et Jehan, rumine sa vengeance. En réalité, c’est le Chevalier noirci — ce mystérieux allié repenti — qui avait orchestré la supercherie pour empocher la mise, avant de s’estimer redevable envers nos deux héros. Pensant apaiser les tensions, Josselin l’invite à les accompagner… et ne fait que compliquer encore davantage la situation.
Le trio se retrouve bientôt confronté aux intrigues familiales d’Alix de Dreux : les deux fils de leur hôte, jaloux de leur belle-mère enceinte, ourdissent un complot pour l’écarter et s’assurer de leur héritage. Protectorat de Jehan sur le champ de mêlée, défense d’Alix sous les intrigues courtoises : entre coups d’épée et complots de palais, Josselin joue de sa loyauté — et s’enlise malgré lui dans un imbroglio qui menace de tout brûler.
Le dessin de Ronan Toulhoat conserve sa force spectaculaire, alternant scènes de combat épiques dignes d’un grand spectacle hollywoodien et moments plus intimistes, où le trait se fait plus posé. Les deux premières pages de chaque chapitre, dans un style brut évoquant Frank Miller, offrent un accès direct aux tourments intérieurs des personnages, avant de laisser place à l’action et à la narration fluide. Un deuxième tome qui, sur la forme comme sur le fond, confirme la réussite de la série et laisse entrevoir d’autres rebondissements — notamment autour de Lancelin et de l’énigmatique Oddard.
Commentaires
Enregistrer un commentaire