Les enfants du solstice
La même autrice qui nous avait séduits avec Lothaire Flammes nous offre ici un tout autre univers avec Les Enfants du Solstice. La toile de fond ? Un futur lointain, double planète où, sur l’une, la population vit sous le joug colonial ; dans les cieux, militaires et clercs tirent les ficelles. Pour maintenir l’illusion d’un équilibre, un décret ordonne que tout enfant né le jour du solstice soit, à 15 ans, automatiquement enrôlé : les garçons intègrent l’armée, les filles rejoignent les ordres. Des naissances planifiées, donc, et une volonté farouche d’y échapper… qui n’est pas sans faille.
Le récit suit deux de ces « enfants de solstice », un garçon et une fille liés par une affection profonde. Elle, vive et combative ; lui, paisible, lecteur passionné, tout sauf un soldat. Leur plan ? Échanger leurs rôles pour berner l’État, quitte à affronter d’innombrables difficultés : douches communes, bouleversements corporels, tabous sociétaux… Comment conserver son identité et son intégrité dans un monde où chaque parcelle de soi est régulée ?
Au-delà de ce jeu de travestissement, l’album aborde des thèmes puissants : la rigidité des normes de genre, le consentement, la force de la résistance pacifique, et la question de savoir si l’on peut transformer une société sans recourir à la violence. Cette lutte intime devient le fer de lance d’une réflexion plus vaste sur l’oppression et les voies possibles pour la combattre.
Graphiquement, le contraste est saisissant : un trait tout en douceur et en rondeur souligne à merveille la dureté du propos. Les planches, à la fois élégantes et chargées d’émotion, enveloppent le lecteur et amplifient la portée de cette fable futuriste.
Les Enfants du Solstice se distingue par son scénario riche et ses personnages attachants, tandis que son esthétique délicate tempère la gravité des enjeux. Un album à découvrir pour sa profondeur sociétale, son souffle d’espoir et sa beauté visuelle.
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