Glove-trotteuses

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Quelle claque que cette bande dessinée qui met en lumière la folle ambition de deux femmes déterminées ! À une époque où la société confine encore les femmes aux rôles traditionnels, voir Nellie Bly et Elizabeth Bisland partir chacune à leur tour autour du globe en moins de 80 jours relève de l’exploit. Bly, financée par Joseph Pulitzer, s’élance vers l’Est pour battre Phileas Fogg à son propre jeu, tandis que Bisland, envoyée du Cosmopolitan, prend la route opposée.

J’avoue ne pas connaître en détail cette aventure historique, et j’ai été totalement happé par la clarté de la narration : à chaque étape, on ressent les imprévus, qu’il s’agisse des correspondances ratées, des tempêtes en mer ou des décalages culturels. J’ai aimé constater que, malgré la barrière de la langue, nos deux globe-trotteuses tissent des liens avec les populations locales — preuve que le journalisme de terrain, c’est avant tout un contact humain.

Sur le plan visuel, Julie Rocheleau et Julian Voloj ont su insuffler un souffle contemporain : un trait épuré, des teintes vives qui rendent justice à la diversité des paysages traversés, et des planches dynamiques où chaque vignette pulse au rythme du train, du paquebot ou de la diligence. Cette alliance d’un dessin moderne et d’une mise en page fluide renforce l’impression d’être, nous aussi, aux premières loges de la course.

J’ai particulièrement apprécié la dimension féministe, subtilement distillée : jamais didactique, elle éclate dans les regards défiants de Bly et Bisland, dans les préjugés qu’elles doivent affronter, et dans leur volonté farouche de prouver que l’audace n’a pas de genre.

Au final, cette BD est un bol d’air aventureux qui donne envie d’en savoir plus : je compte bien me plonger dans le reportage original de Nellie Bly — y compris son immersion clandestine en asile — pour prolonger le plaisir de cette découverte.

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