Daria, Ada d'Adamo
🌒 Un premier roman vibrant d’intensité, de mémoire et de mystère 🌒
Il y a des livres qui, dès l’incipit, installent une atmosphère dont on pressent qu’elle ne nous quittera pas. Daria en fait partie. Dans ce premier roman d’une étonnante maturité, Ada Adamo tisse une toile fine entre l’histoire et l’intime, la douleur collective et les silences familiaux, les éclats de l’enfance et l’ombre portée des origines.
Le récit progresse à la manière d’une fouille, lente, méticuleuse, portée par une voix qui cherche moins à dire qu’à comprendre. Ce n’est pas l’histoire d’un personnage, mais d’un nom, d’une absence, d’une faille transmise de génération en génération. Daria n’est pas seulement une femme mystérieuse, c’est un souvenir brouillé, un vertige, un point de départ pour interroger la mémoire familiale, le mensonge protecteur et les blessures que l’on devine sans les formuler.
La force du roman réside dans cette tension entre le tangible et l’inaudible. On avance par fragments, par réminiscences, dans un rythme feutré mais jamais lent, toujours habité. Il y a quelque chose de brumeux et d’élégant dans cette écriture, une pudeur qui n’exclut ni la précision ni l’émotion. La langue d’Ada Adamo est tenue, tendue, sans ostentation, mais profondément habitée.
Daria est aussi un roman politique, à sa manière. Sans jamais quitter le terrain de l’intime, il convoque en creux les échos d’un pays, de son histoire, de ses renoncements. Mais ce qui domine, c’est cette mélancolie inquiète, ce désir d’atteindre un noyau de vérité que le passé s’emploie à dissimuler.
On referme ce livre avec une forme de silence intérieur. Pas celui du vide, mais celui d’un récit qui résonne longtemps, comme une confidence partielle qui attend encore d’être pleinement entendue. Daria est un roman d’ombres, de fissures et d’amour discret — un texte fort, juste, traversé d’une beauté grave.
Une autrice à suivre, assurément.
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