Petits travaux pour un palais, Lazlo Krasznahorkai
Lire Krasznahorkai, c’est accepter de marcher dans une phrase comme on s’enfonce dans un paysage sans fin. Avec Petits travaux pour un palais , le mouvement est le même : hypnotique, spiralé, presque rituel. Mais ici, l’auteur déplace sa longue respiration vers un objet singulier : un palais à construire, à rêver, à entretenir — ou peut-être à sauver d’un effondrement inévitable. On pourrait croire à un récit architectural, mais le palais n’est qu’un prétexte. Ou plutôt : un symptôme. Krasznahorkai bâtit en réalité un espace mental, un labyrinthe où s’entremêlent la beauté absolue et le vertige du monde contemporain. Les « petits travaux » ne sont pas des gestes modestes : ce sont les ajustements incessants que l’on fait pour maintenir la civilisation debout, alors même qu’elle s’effrite de l’intérieur. Le roman avance comme une procession lente où chaque détail participe à un ensemble gigantesque, presque invisible. Là où d’autres chercheraient le spectaculaire, Krasznahorkai ...